Le visage est ce que l’on donne à voir aux yeux du monde. Mais au fil du temps, il s’accentue de rides, de traces de vie, de cica- trices, il vieillit, change... Il n’est pas toujours le même. Pourtant c’est celui qu’on place sur une photo d’identité. Mais ce visage pris en photo ne dit bien souvent rien de nous. Paradoxalement, la photographie est toujours un moyen de se montrer aux autres, elle est un acte social, et en même temps elle se voit incapable de représenter les caractéristiques uniques de l’homme. L’homme n’est pas uniquement un visage, il n’est pas uniquement une apparence.
Comment aller au delà de la ressemblance et de cette saisie de l’apparence? La photographie devient une lutte pour aller au delà du masque. Soulignant cet état mouvant, j’ai réalisé Métamorphosis (2014). L’image montre ces tentatives, ce processus, tel une infinité du même... Le triptyque montre différentes formes, saisies de la vibration d’une personne. Il s’agit de rompre avec l’illusion de transparence de l’image pour réaliser une image qui signifie plus qu’elle ne montre. Les êtres photographiés deviennent comme des « apparitions incertaines ». Le visage se forme et se déforme pour faire éprouver au spectateur ces mouvements qui animent l’être, l’impossibilité de l’être à être un et la difficulté de la photographie à saisir l’essence de individu par ce visage qui n’est qu’une extériorité.